L'activité est construite autour de deux thèmes centraux : la construction identitaire chez l'adulte et le jugement réflexif selon les postpiagétiens. "En bref, la construction identitaire (et c'est un élément de convergence entre les auteurs abordés) apparaît comme tout sauf un processus fluide, confortable, gagné d'avance. Il suffit pour s'en convaincre de diriger son regard vers les tâches développementales de l'étudiant ou de l'adulte qui reprend des études : selon que l'on met l'accent sur la personne de l'étudiant ou sur la personne de l'étudiant, c'est l'ensemble du sens qui subit un déplacement non négligeable. En effet, si le premier accent "clive" en quelque sorte l'apprentissage de l'apprenant, le second invite à partir du principe que toute la personne est concernée par la formation à acquérir ou la compétence à mettre en oeuvre. Le développement d'une compétence professionnelle s'inscrit donc dans et par un développement de la personne qui dépasse de loin l'accumulation par empilement d'outils, de techniques, de concepts et va bien au-delà de la performance et de l'intellect. C'est donc autant (sinon parfois plus) avec le cœur qu'avec l'intelligence que nous apprenons. Tout adulte apprenant se modifie et est modifié au contact des nouveaux contenus qui lui sont soumis et/ou proposés et/ou construits, même de manière autodidacte. La lecture d'un chapitre peut changer la perception de soi, de l'autre, de son rôle, et ainsi du reste. La discussion dans le cadre d'un cours peut quelquefois bouleverser les repères "déjà-là" de la personne – en positif comme en négatif. A cet égard, la responsabilité du formateur d'adultes me semble considérable et, nous le verrons notamment avec Michel Roy, encore insuffisamment constructive, positive, soutenante. La tendance historiquement et culturellement bien ancrée de mettre en exergue les lacunes, failles et faiblesses de l'adulte dans sa maîtrise des contenus devra impérativement être remplacée par celle du feed-back positif, de la mise en évidence juste des capacités présentes. Pour ce faire, le professeur ou le formateur d'adultes mais aussi le supérieur ou le collègue auront à intégrer (je dirais carrément : à vivre) qu'ils ont d'autres adultes en face d'eux ; avec leur identité singulière mais aussi leurs objectifs personnels, leurs préoccupations privées, leurs projets professionnels, en un mot leur existence." (extrait de l'introduction).